Du Burn-out à Guide de Montagne : La Renaissance de Marc
Marc, tu étais trader à Paris il y a encore deux ans. Que s’est-il passé ?
[Il ajuste son bonnet, on aperçoit une cicatrice sur sa tempe] Un AVC. À 35 ans. En pleine réunion. Le corps qui dit stop, brutalement. Quinze ans de trading, de stress, de nuits blanches… Et puis le noir complet.
Comment as-tu vécu cet événement ?
Sur le moment, c’était la fin du monde. J’étais au top de ma carrière, je gagnais très bien ma vie. Et d’un coup, plus rien. La rééducation, les médocs, la dépression… Mais avec le recul, c’était le plus beau cadeau de la vie.
Comment ça ?
[Il sort une gourde de son sac] Pendant ma convalescence, je me suis mis à randonner. Au début, c’était juste pour me remettre physiquement. Et puis c’est devenu une obsession. Plus je montais haut, plus je me sentais vivant. La montagne m’a littéralement sauvé la vie.
La transition n’a pas dû être simple…
[Rire] Tu parles ! Quand j’ai annoncé à mes parents que je quittais la finance pour devenir guide de montagne, ils ont cru que l’AVC avait touché mon cerveau ! Mes potes traders me prenaient pour un fou. “Tu vas gagner en un an ce que tu gagnais en un mois !”
Et ça ne t’a pas fait douter ?
Si, bien sûr. J’ai gardé mon appart à Paris pendant un an, “au cas où”. Mais tu sais ce qui est dingue ? Je gagne peut-être cinq fois moins, mais je n’ai jamais été aussi riche. Riche en temps, en sensations, en rencontres.
Comment s’est passée ta formation ?
Dur. Très dur. J’étais le plus vieux de ma promo, le “parisien” comme ils disaient. Il a fallu tout réapprendre : la humilité face à la montagne, la patience, l’écoute de son corps. Mais chaque jour était une victoire sur mon ancien moi.
Qu’est-ce qui t’a le plus marqué dans ce changement de vie ?
[Il réfléchit longuement] Le rapport au temps. Avant, je vivais dans l’urgence permanente. Maintenant, c’est la montagne qui décide. Tu ne peux pas rusher une ascension parce que tu as un rendez-vous après. La nature t’apprend la patience, le respect.
Tu travailles avec des groupes très différents…
C’est ça qui est génial ! Des familles, des sportifs, des entreprises… Récemment, j’ai guidé un groupe de traders. [Il rit] C’était surréaliste de voir mes anciens collègues galérer en altitude. Ça m’a fait réfléchir sur mon ancien moi.
Le plus dur dans ton nouveau métier ?
L’hiver, quand il fait -20°C et que tu dois te lever à 4h du mat’. Ou quand tu dois annuler une sortie à cause de la météo et que les clients sont déçus. Mais même ces moments-là sont plus vivants que mes meilleures journées de trading.
Et ta santé dans tout ça ?
[Il tape sur sa poitrine] Plus d’AVC en vue ! Mon cardiologue n’en revient pas. Le stress est toujours là, mais c’est un bon stress. Celui qui te maintient en alerte, pas celui qui te détruit.
Un message pour ceux qui voudraient changer de vie ?
N’attendez pas l’AVC ! [rire qui devient sérieux] Plus sérieusement, écoutez ces petites voix qui vous disent que vous n’êtes pas à votre place. Moi, je les entendais déjà, mais je les faisais taire avec des bonus et des restos étoilés.
Des regrets ?
[Il sort son téléphone et montre une photo du Mont Blanc au lever du soleil] Tu vois ça ? C’est mon bureau maintenant. Le seul regret que j’ai, c’est de ne pas avoir fait ce changement plus tôt. Mais bon, il fallait peut-être que je passe par là pour en arriver ici.
Et l’avenir ?
Je viens d’acheter un vieux chalet que je retape. L’idée c’est d’en faire un lieu d’accueil pour des gens en burn-out. Leur montrer qu’il y a d’autres chemins possibles. La montagne m’a sauvé, maintenant c’est à mon tour de tendre la main.
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